27/03/2008

A cause d'un assassinat >un flim pour pédicaphiles paranoïaques


"Rien ne sert de se leurrer: une option pacifique ne saurait sérieusement être envisagée dans un monde qui est celui de la défiance." < Louis Calaferte

Alan J. Pakula, 1974

22/11/63 : JFK. 04/04/68 : Martin Luther King. 06/06/68 : Robert F. Kennedy. Plus que tous les beaux discours passés et à venir, ces trois dates façonneront de façon durable le rapport violent qu’entretient le peuple américain à l’égard du pouvoir politique. Ces évènements auront une incidence certaine dans le climat trouble qui s’installe dans la conscience collective au lendemain du rêve peace and love. Le cinéma va alimenter cette confusion en livrant au public des 70’s de nombreux thrillers politiques qui vont marquer le genre. Malheureusement pour ses crédités, A Cause d’un Assassinat ne fera pas partie des meilleurs du lot, malgré certaines qualités. Warren Beatty y incarne Joe Frady, un journaliste qui tente d’infiltrer une organisation dont le but est de recruter et former de potentiels assassins politiques. Mais "tel est pris qui croyait prendre", dit le proverbe, et le Warren aux cheveux longs est confondu, piégé et finalement (bien que la fin soit ouverte…) exécuté. Le traitement est assez intéressant, un climat très malsain se dégage parfois du film : les mots se doivent d’être comptés, la nuit et l’obscurité sont autant un danger qu’une protection nécessaire, et les lieux où évolue l’intrigue sont particulièrement bien mis en valeur. Les personnages sont écrasés par un environnement hostile, et la paranoïa s’invite dans la tête du héros assez rapidement (il prend une 3ème identité pour cacher sa 2ème pour cacher sa 1ère…). La scène du recrutement est resté célèbre pour son montage d’images rappelant celui d’Orange Mécanique, mais n’est pas Kubrick qui veut… Et, petit à petit, le film se perd lui-même, flirtant même par moments avec le pire des séries TV ("Shériff fais-moi peur" semble se gausser notre héros, et cascades en voiture obligées s'ensuivent). Alors que l'étau se resserre, rien ne semble réellement évoluer dans un film lancé tranquillement sur des rails, et qui n'a aucune envie de les quitter, confortablement installé dans son atmosphère de complot organisé par les puissants de ce monde. A plusieurs reprises, le scénario semble surtout avancer sans le spectateur, comme si certaines scènes avaient été coupées au montage : cela accentue le côté « je ne comprends pas ce qui m’arrive », c’est un fait. Souhaitable ? Beaucoup moins sûr…Cela est d'autant plus dommage que la dernière scène est magnifique: Prady est caché dans les coursives suspendues d'un auditorium, et un sénateur doit y répéter son discours. Cela va donner lieu à un bal de silhouettes furtives, un passe-passe de faux-semblants qui va faire basculer la chasse. Lui est bloqué, croit encore être témoin alors qu'il est déjà acteur piégé. Et lorsqu'il en prend conscience, qu'il cherche finalement à fuir, il est trop tard. "Vivre libre ou mourir", la bonne blague...

Ectomorph Parallax View (à prendre ou à laisser)


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