24/03/2008

Invasion Los Angeles > un film pour lynetaphiles socialistes


"Aucune augmentation de richesse, aucun adoucissement des moeurs, aucune réforme ou révolution n'a jamais rapproché d'un millimètre l'égalité humaine." < George Orwell

John Carpenter, 1988

En 1981, Ronald Reagan devient le quarantième président des Etats-Unis d’Amérique. A bien des égards, son visage ainsi que celui de sa correspondante anglaise vont symboliser la dérive libérale à l’oeuvre durant les 80's. La même année sort New York 1997 de John Carpenter, où se dessine déjà une critique d’un système fondé sur la peur et l’obsession de la sécurité. Après l’échec commercial des Aventures de Jack Burton dans les Griffes du Mandarin, le fougueux réalisateur est remercié, et voit le petit monde d’Hollywood lui tourner le dos. Invasion Los Angeles est sa réponse haineuse et hargneuse à une société essentiellement motivée par la réussite économique : le film, situé dans les années 90, présente un pays contrôlé par des extra-terrestres à la physionomie humaine, décelables uniquement en enfilant des lunettes de soleil qui révèlent une autre réalité. Difficile de ne pas penser à Matrix quand se dévoile soudain aux yeux de John Nada, le héros sans-le-sou, un monde caché sous l’apparence colorée des messages publicitaires. « Obey », « Consume », « Buy » sont parmi les mots d’ordre disséminés sous la couverture de chaque affiche, chaque livre, chaque mot, à la manière des slogans impérieux de Barbara Kruger et d'Andre the Giant. Le pauvre citoyen lambda n’a aucun moyen de découvrir cette tyrannie, et le rêve américain se révèle une chimère inventée par une ploutocratie vénale prête à tout pour contrôler et asseoir son humiliante domination. Les médias étant les nouveaux seigneurs du monde, ce pouvoir passe évidemment par la télévision, dont les ondes abrutissantes servent à masquer cette effrayante réalité. Un groupe de résistants tente par tous les moyens d’ouvrir les yeux à la population, et la musculature imposante de John Nada (alliée à de nombreuses facilités de scénario) les aidera à mettre à bas l’outrageante oppression de ces nouveaux puissants, en détruisant l’antenne qui servait à masquer la vérité. Le film est réussi de bout en bout, l’action est omniprésente (dont cette fameuse scène de bagarre à mains nues de 7 minutes entre les deux acteurs principaux Roddy Piper et Keith David) avec cet humour destructeur propre à Carpenter, et la critique sociale portée sur le pouvoir politique de l’époque est d’une violence incroyable. « La règle d’or : celui qui a l’or fait les règles. » Tout est dit.

Ned's Atomic Dustbin Kill Your Television (à prendre ou à laisser)


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